Patuchev : concevoir des systèmes d'élevages caprins laitiers durables

Objectif de l'étude

L’objectif général est de concevoir des systèmes d’élevage caprins laitiers plus durables en utilisant l’herbe.

Celui-ci se décline en deux objectifs opérationnels :

  • Intégrer la prairie dans les systèmes de production
  • Augmenter la part d’herbe pâturée ou conservée dans la ration

Il existe d’autres objectifs :

  • Imaginer et évaluer des compromis entre productivité, environnement et charge de travail
  • Atteindre un objectif de production
  • Maximiser l’ingestion d’herbe pâturée et/ou récoltée (prairie multi-espèces cultivée et séchage en grange)
  • Limiter les intrants consommateurs d’énergie et l’utilisation de produits de synthèse
  • Optimiser la charge de travail
  • Proposer un produit de qualité

 

Questions de recherche

Quel type de système d’élevage permettrait une meilleure autonomie en intrants, principalement énergétiques, sous contrainte de production ?

Questions de recherche plus analytiques :

  1. Quelles sont les modalités d’utilisation et de valorisation de l’herbe par la chèvre laitière ?
  2. Quel type de prairie multi-espèces pour les caprins ?
  3. Quelle complémentation et quels intérêts de l’utilisation de méteil dans un système d’élevage caprin ?
  4. Comment assurer une bonne fertilité à l’insémination animale (IA) en limitant l’utilisation d’hormones exogènes ?
  5. Quelles méthodes et actions à mettre en place pour gérer le parasitisme gastro-intestinal (GI) des chèvres conduites au pâturage ?
  6. Quels sont les impacts sur les qualités technologiques et organoleptiques des fromages issus de systèmes basés sur la valorisation de l’herbe ou conservée ?
  7. Quelles conséquences sur les indicateurs technico-économiques d’une plus grande autonomie alimentaire des systèmes ?

Description des systèmes étudiés

 Trois systèmes sont mis en place

  • un troupeau conduit avec une période de reproduction hors saison sexuelle et une alimentation basée sur du foin ventilé et de l’herbe pâturée (Dessaisonné pâturage DP)
  • un troupeau conduit en chèvrerie toute l’année, avec une période de reproduction hors saison sexuelle et une alimentation basée sur la valorisation de foin séché en grange (Dessaisonné bâtiment DB)
  • un troupeau conduit avec une période de reproduction en saison sexuelle et une alimentation basée sur du foin ventilé et de l’herbe pâturée (Saisonné pâturage SP)

Chaque système est constitué de 60 chèvres laitières, 25 chevrettes pour le renouvellement et une surface totale de 10 ha, répartie entre des surfaces en prairies (6 ou 7 ha) ou pour la production des concentrés (3 ou 4 ha).

L’enjeu pour ces trois systèmes est d’être plus durable tout en maintenant un niveau de performances laitières élevé. Chaque système est indépendant ; les pratiques à mettre en place pour répondre à cet enjeu peuvent donc être différentes.

Système 1 : Dessaisonné pâturage (DP)

Objectif

Réaliser le pic de lactation au cours de la période hivernale (prix du lait plus élevé) avec une alimentation basée sur la valorisation de foin séché en grange et relancer la production laitière au printemps avec le pâturage, en veillant à gérer le parasitisme GI.

Description

Les chèvres mettent bas en septembre et accèdent au prairies multi-espèces pour le pâturage dès que les conditions météorologiques le permettent.

Système  2 : Dessaisonné en bâtiment (DB)

Objectif

Assurer un niveau de production laitière élevé avec une alimentation basée sur la valorisation de foin séché en grange en maximisant l’autonomie en intrants.

Description

Les chèvres mettent bas en septembre et sont conduites en chèvrerie tout l’année. Les parcelles de prairies sont donc exclusivement fauchées.

Système 3 : Saisonné pâturage (SP)

Objectif

Réaliser une lactation en maximisant l’utilisation du pâturage tout en gérant au mieux le parasitisme gastro-intestinal.

Description

Les chèvres mettent bas en février et pâturent dès que les conditions sont possibles. 

 

Où se situe la rupture?

Rupture forte par rapport aux systèmes existants actuellement dans la filière caprine française :

  • l’autonomie alimentaire massique des élevages caprins est de 56%
  • 30% des élevages caprins ont un système d’alimentation fourragère basé sur le pâturage

 

Quels sont les verrous ?

Scientifiques :

  • les niveaux d’ingestion et de valorisation de l’herbe pâturée ou séchée en grange par la chèvre laitière
  • la prédiction de la valeur alimentaire de prairies multi-espèces pour piloter la ration
  • l’utilisation de l’effet mâle pour réaliser de l’insémination animale
  • les qualités technologiques et nutritionnelles des laits et fromages issus de chèvres valorisant de l’herbe
  • la prédiction rapide et peu onéreuse du niveau d’infestation par des strongles GI.

Techniques :

  •  les techniques de pâturage avec l’espèce caprine
  • une gestion intégrée du parasitisme GI

Les publications marquantes

BONNES et al., 2012 : Patuchev et REDCap : deux dispositifs complémentaires de Recherche et Développement pour des élevages caprins performants et durables. Fourrages 212 :263-268

Caillat et al., 2016 : Conception de systèmes d’élevages caprins laitiers durables : éléments sur la transition agro-écologique du dispositif Patuchev. Recherches Rencontres Ruminants, 23.

 CAILLAT et al. 2016 :  FLECHE - L’herbe : un atout pour améliorer l’autonomie des systèmes d’élevages caprins du Grand Ouest et produire des fromages sous signes de qualité, Projet PSDR FLECHE, Bretagne, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Série Les 4 pages PSDR4

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